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    Elle s’appelait à l’origine la femme assise. Avec le temps elle est devenue la baigneuse de Valpinçon.

    Œuvre majeur d’Ingres, elle est produite en 1808, alors que le jeune artiste effectue son séjour à Rome. Bien que le nu féminin soit un thème courant en peinture, Ingres parvient à faire de son œuvre une représentation unique et novatrice.

    Tout d’abord, parce que la beauté prend le dessus sur la réalité, pourtant chère aux artistes néoclassiques. Mais aussi parce qu’il y tronque l’habituel cadre antique pour un décor orientale (on est certes encore loin du bain turc, mais le turban, la sandale, le bassin et les tentures en sont des signes annonciateurs).

    De plus ici le visage s’efface au profit du corps, ou plus précisément du dos. Chez ce modèle sans face, c’est le dos qui devient le sujet de l’œuvre en occupant la place centrale dans le cadre. C’est lui qui attire et captive le regard.

    Ce dos qui nous permet d’envisager ce qui inspire l’artiste. Plutôt que la beauté classique, c’est cette apparence/ position sensuel qui l’attire.

    Personnellement je m’intéresse tout particulièrement à la lumière ainsi qu’aux couleurs de cette œuvre.

    Globalement, on retrouve de nombreuses nuances de blanc. Les draps, le décor et même le corps sont pales, avec des touches de doré pour ce dernier. Le sol et l’arrière-plan eux tirent plus sur le gris, de plus en plus foncés lorsque l’on s’éloigne vers le bas, sur le coin gauche.

    Autrement on retrouve du vert, avec la tenture ainsi que quelques petites taches de rouge ; en bas de la tenture, sur le turban et sur la sandale. Ces touches, disposées à différents points de la peinture tranchent et surprennent.

    Pour ce qui est de la lumière, il est dur de déterminer d’où la douce lueur blanche qui éclaire les draps et l’épaule de la baigneuse. On peut émettre l’hypothèse quelle provient du spectateur, ou du coin supérieur droit du cadre, qui apparaît nettement plus clair. Alors pourquoi pas différentes sources de lumière hors champ, ajoutant de l’harmonie et une apparente simplicité à cette œuvre.

    La partie gauche en revanche, celle partiellement occupée par la tenture, est assurément plus sombre, peut être afin de nous faire passer un message :

    Notre intrusion nous a révèle cette beauté, mais ni aurait-il pas encore beaucoup à voir dans ces lieux mystérieux ?

    Quelque chose qui se cacherais derrière cette fameuse tenture …

     

     

    ZOOM

    • Le visagLa baigneuse de Valpinçone :

    Contrairement à la grande odalisque, autre œuvre célèbre d’Ingres, cette femme ci ne nous dévoile pas son visage. Derrière son turban on distingue un chevelure brune, une oreille, et ce qui semblent être un bout de nez et quelques cils. Le sujet demeure ainsi anonyme et dénué d’émotion. A nous de nous le figurer, de laisser parler notre imagination. Et l’imagination mène bien souvent au fantasme …. En parlant du turban : celui-ci est posé d’une manière un peu étrange sur l’arrière du crâne. Personnellement je doute que cela soit très pratique et surtout, que cela tienne bien longtemps !

     

     

    • Le corps :

    La baigneuse de Valpinçon

    Ingres a placé le dos au centre de la composition. Effet d’optique ou énième conception de la technique à l’esthétique ?

    Toujours est-il que celui-ci semble quelque peu disproportionné, avec des bras trop fins, et des jambes trop courtes. Autres élément intéressant : l’ossature, qui n’est pas du tout visible et permet à l’ensemble de dégager une forte impression de douceur.

     

     

    • La position du bassin : 

    La baigneuse de Valpinçon

    En observant la position de ses fesses on peut établir que son bassin est basculé en arrière. Cela signifie qu’elle est assise d’une manière plus confortable que sexy. Pourtant de l’impression de lascivité que cette position dégage, découle une forte impression de sensualité.

     

    • L’inclinaison de la nuque :

    La baigneuse de Valpinçon L’attitude décontracté du corps est contrastée par l’inclinaison de la nuque et de la tête, qui elle n’est pas naturelle et de fait, ne peut être confortable.

     

     

    ANNECDOTE

    • Œuvre romaine :

    Cette œuvre est réalisée par Ingres alors que celui-ci séjourne à La Villa Médicis, suite à l’obtention du prix de Rome avec Achille recevant les ambassadeurs d'Agamemnon. Le règlement impliquait alors que contre cette bourse d’étude offerte au lauréat, celui-ci devait réaliser et envoyer quatre œuvres. C’est ce qui rend cette œuvre si particulière : alors qu’elle fut réalisée à Rome, ville Antique par excellence, elle n’en contient pourtant aucune trace d’inspiration !

    • L’élève contre le maître :

    Il est important de savoir que Ingres fut l’élève de David, porte drapeau du néo-classicisme mais ainsi que de l’idéologie révolutionnaire. Pourtant cette œuvre ne reflète pas l’âme de son maître. D’aucun l’on en effet perçu comme une marque d’oppositions aux règles de son professeur. Mais c’est sans doute forcir l’idée d’origine. Il s’agit sans doute davantage d’une manière pour lui d’affirmer sa personnalité, de prendre une certaine distance afin d’exprimer pleinement son talent.

    • La peinture orientale :

    En 1808 la peinture historique est la peinture la plus appréciée par l’Académie, premier cercle de reconnaissance artistique en France. Et en peinture historique, la mode est à l’Antique, avec des œuvres telles que le serment des Horaces, de David.

    Pourtant Ingres se permet d’envoyer cette œuvre aux influences orientales. Et il ne s’arrêtera pas là. En 1862 il produira Le bain Turc, œuvre emblématique de ce que l’on appellera l’Orientalisme, c’est-à-dire une représentation idéalisée du monde orientale. En se démarquant et en exprimant ainsi ses gouts personnels, contre ceux de l’Académie, Ingres permettra ainsi l’avènement de nouveaux sujets en peinture et de faire évoluer une institution trop conservatrice.  


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  • Aujourd’hui, visite de l’exposition du Prado sur Ingres. 

     

    L’exposition se terminant le 27 mars, il était urgent que j’aille la voir.  Et étant donné que je rentre en France pour la semaine sainte …

    Revenons quelques semaines en arrière

    Ingres au Prado

     

    . Mon université, Francsisco de Vitoria, organise une conférence autour de cette exposition. Une parfaite opportunité pour moi de compléter les cours d’histoire de l’art que je suis à distance. Le conférencier nous dresse un aperçu de l’exposition qui s’étend sur 10 salles.

    Tout d’abord un petit retour sur sa vie :

    Jean Auguste Dominique Ingres est un artiste Néo-Classique Français. Détenteur du Prix de Rome, et élève de Jacques Louis David, il s’est avant tout illustré par sa maitrise du portrait (on disait de lui qu’il savait capter l’âme de ses modèles).  Mais le portrait n’était pas une pratique reconnue dans le domaine artistique et toute sa vie, Ingres voulut briller pour sa peinture d’histoire.

    On note chez lui une véritable passion pour les corps de femmes :

    -          Le bain Turc, exposé au musée du Louvre

    -          La grande Odalisque, exposé au musée du Louvre

    -          Roger délivrant Angélique, exposé au Louvre

     

    Peintre du XIX siècle, Ingres se positionne à un tournant dans le domaine artistique. Il  affectionne tout particulièrement le style de Raphaël, qu’il a découvert à Toulouse alors qu’il avait 12 ans. De ses œuvres il retire un gout particulier pour les détails, ce qui donne à ses propres œuvres des allures d’œuvres maniéristes.  Mais il appartient aussi au préromantisme, initié à la fin du XVIII siècle, tout comme un autre élève de David, Anne-Louis Girodet.

                    Il est difficile de revenir sur la vie d’un artiste né il y a plus de deux siècles, et encore davantage de tenter de le comprendre. On peut cependant envisager que Ingres ai été un homme ambitieux et doté d’une certaine opinion de lui-même. Celui-ci, dans le but de percer dans la peinture (peinture d’histoire s’il vous plait ! la plus reconnue de toutes) il se présenta deux fois au grand prix de Rome, et passa de nombreuses années à Rome, où il resta même après la fin de sa bourse.

    Son influence peut se ressentir chez les artistes impressionnistes tel que Renoir et Degas, voir même chez Picasso, avec le portrait de Madame Moitessier, qui l’inspira tout particulièrement, ou celui de mademoiselle Rivière.

    Ingres au Prado

     

    Cette exposition, réalisée en partenariat avec le musée de Louvre, d’où proviennent la majeur partie des œuvres, ainsi que du musée de Montauban, dont était originaire l’artiste. 


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    Etudiante en commerce et en arts, amatrice d’histoire et de voyage, je partage ici des découvertes et des coups de cœur. « Un barniz de cultura », c’est une expression tout droit sortie d’un texte d’Isabel Allende, le même sur lequel j’ai été interrogé pour mon bac d’espagnol.

                                                                                    Un porte-bonheur en somme !

     

    Je ne vous propose pas de tous vous dire sur toi, d’où le « barniz », mais je peux vous compter ce que je vois et ce que j’aime, tout en vous donnant mon point de vue.

     

    Alors prenez du plaisir, lisez ce qui vous intéresse, et appréciez ce que vous voyez.


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    Le petit livre des couleurs est un ouvrage qui se présente sous la forme d’un question-réponse entre Michel Pastoureau, historien et anthropologue, et Dominique Simonnet. Il nous permet ainsi de retracer l’histoire des couleurs, ainsi que l’évolution de leur symbolique au fil des siècles. C’est toute notre société qui se reflète, à travers des crises économiques, politiques ou religieuses qui ont marqué l’évolution du bleu, du rouge, du blanc, du vert, du jaune, du noir et finalement des nuances.

                          Bleu

     Il y a tout d’abord le chapitre du bleu, couleur la plus aimée des Français malgréle bleu, couleur de la vierge un passé trouble. La preuve, les historiens se seraient même interrogés sur la capacité d’anciennes civilisations (les Grecs
    , pour ne pas les nommer) à voir cette couleur. Et pourtant le bleu, couleur de la vierge, aurait provoqué des luttes acharnées entre marchands des différentes villes à le produire.

    Avec la découverte de l’Amérique et l’importation de l’indigo en masse sur le marché Européen, les villes produisant le bleu pastel issu de la guède sont ruinées. Parmi ces villes se trouvent Toulouse. Et devinez par quel port transitait l’indigo !

    On a peut-être trouvé une racine beaucoup plus profonde que le rugby pour justifier l’antagonisme entre Toulouse et Bordeaux …                                                                                                                                                                           

                          Rouge                                                                                                    

    Ensuite vient le Le petit livre des couleurs, Michel Pastoureau et Dominique Simonnettour du rouge. Une couleur ambivalente on le comprend immédiatement. Couleur de la passion, de l’amour mais aussi du sang et des flammes de l’enfer. Elle est peu présente dans la nature mais facile à produire, ce qui explique son développement précoce. Fait étonnant, chez les Romains, ou encore au Moyen Âge, le rouge était la couleur des mariées ! Car un vêtement rouge, c’était un vêtement riche (prenez les empereurs romains et leurs centurions, avec leurs mignonnes petites jupettes ! ). Et puis à l’époque, la virginité n’était pas essentielle, pas besoin donc de la symboliser avec du blanc. En suivant cette logique, rien ne nous oblige plus à nous marier en blanc mesdames … Plus tard, ce seront les prostituées qui porteront cette couleur.

    Et au final, le rose reste bien associé aux femmes, comme un rouge mais en moins ardent …

                         Blanc

    Le blanc de la pureté de l’innocence et de la sagesse. Ce blanc soulève le plus gros des débats : color or not color ?      

        Il s’agirait de déterminer si le blanc peut être considéré comme une couleur à part entière ou comme une absence de couleur. L’auteur tranche en faveur de la couleur, un point de vue que je soutiens. Le jaune aussi peut bien être recouvert, comme pratiquement toutes les couleurs ! Et jamais jusqu’à l’invention du papier blanc on ne s’était poser une question aussi absurde (à mon sens en tout cas)

                          Vert      

    Et voici donc la couleur instable ! Maintenant que je sais cela je commence à me poser des quLe petit livre des couleurs, Michel Pastoureau et Dominique Simonnetestions, vu la déco de mon studio, dans des tons pomme, grenouilles et épinards … Très utilisé depuis une dizaine d’années, il représente depuis peu la nature mais historiquement, il est plus en rapport avec la chance, le jeu et l’argent (prenez le dollar …). Et puis le drame ! Pastoureau nous apprend que non, le vert n’est pas une couleur entre deux, issue du mélange du bleu et de jaune. Ce sont mes cours d’arts plastiques de collège qui s’envolent d’un coup. La théorie des couleurs primaires ne serait ainsi apparue qu’au XVIIIème siècle et ne serait pas socialement prouvée. Nos ancêtres n’auraient paré ils pas accepté une couleur issue d’un mélange. Car vous comprenez, mélanger, ce n’est pas noble …

                          Jaune

             Et il y a le jeune, couleur des malades et des menteurs. Définitivement marqué par l’image de Judas, qui y est associé, cette couleur garde une symbolique fondamentalement négative. Malheureusement pour elle, tous ces attributs positifs (lumière, soleil…) se sont attribués à l’or, plus noble. 

                                                              Le petit livre des couleurs, Michel Pastoureau et Dominique Simonnet

                          Noir 

    Le noir : tantôt symbolisant le péché et le deuil, tantôt l’humilité et l’élégance, il est à présent fortement associé à l’autorité (preuve selon moi que notre société est profondément déprimée, en dehors de toute considération politique, il fut un temps où nous suivions un homme vêtu de bleu blanc et or, à présent nous lui préférons un tout en noir … gage de sérieux je présume, mais enfin)

    On associe généralement blanc est noir. Résultat on l’a vue avec le blanc, le noir est une couleur à mettre à part.  Et pourtant elles ne sont pas plus associables entre elles que avec n’importes quel autre (jaune noir, rouge blanc, tout fonctionne !).

                           Nuances

    Et il y a tout le reste. L'orange, le violet, la framboise, et même la fameuse couleur taupe (je vous mets aux défis de me trouver deux magazines de déco désignant la même couleur sous cette même appellation !). Il s’agit généralement de couleurs disposant d’un « référent », des fruits ici. En bref, elles ne sont pas des couleurs disposant d’une forte teneur en symbolisme. Toujours plus nombreuses, certainement pour s’adapter à une société ou la diversité est devenu un argument de vente essentiel, il a été prouvé que l’œil humain pouvait en effet détecter entre 180 et 200 couleurs !

    Des couleurs que l’homme moderne exploite bien plus que ne le faisait ces ancêtres.

     

    Le livre nous permet ainsi d’avoir un aperçut, pas plus vaste, mais plus profond du monde dans lequel nous évoluons. Il confirme, si c’est encore nécessaire, le poids de l’église sur l’évolution de notre société, mais aussi sur notre perception et de fait, sur notre personnalité.

    Un ouvrage en somme sympathique donc, avec ce qu’il faut d’informations, et on tond adapté, pour ne pas s’ennuyer. Ni trop long, ni top exhaustif, il ne permet d’avoir un bref aperçu de l’histoire de l’homme de et la couleur. Évidemment, ce n’est pas une encyclopédie, mais d’autres livres peuvent être lus afin d’en apprendre encore davantage !

    Comme les couleurs expliquées en images, des mêmes auteurs, ou encore le bleu, histoire d’une couleur, de Michel Pastoureau.

     

    À lire donc et à approfondir.

     


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  • Nouvelle visite, premier billet !

        Il y a deux semaines je visitais la galerie Bouscayrol, nouvellement implantée sur Biarritz, où j’ai pu découvrir plusieurs artistes et leurs œuvres.

      Photographie  issue de l'article De Pau à Biarritz, histoire d’un virus familial au cœur de l’art contemporain, publiée le 14 Decembre sur Presse Lib

     La galerie présentait donc sa toute première exposition, avec 11 artistes globalement contemporains et assez connus dans leur domaine. Retour sur une visite particulièrement intéressante.

         Le Street Art y est àl’honneur, avec quelques grands noms de l’art  urbain, comme Jonone, Albert ou Speedy Graphito. Des artistes, travaillant habituellement sur des surfaces importantes voire en extérieur, exposent ici sur un format plus conventionnel, avec une majorité de toiles, mais aussi quelques sculptures, comme le St Sebastien de Combas. Je n’ai d’ailleurs pas pu m’empêcher de relier cette œuvre à celle de Mantegna (même si ici, plutôt que des flèches, ce sont des pinceaux qui traversent le martyr).

      En plus de Combas, Jonone, Albert et Speedy Graphito, dont j’ai déjà parlé, on retrouve aussi des œuvres de Zirnheld, Cavadore ou encore Dubreuil. Dans un esprit toujours aussi décoratif, mais plus tourné vers l’intérieur, on retrouve la douairière des artistes présentés ; Sonia Delaunay, décédée en 1975. Plusieurs de ses lithographies sont ainsi exposées et offrent une perspective intéressante sur l’évolution du traitement des formes et de la couleur au cours du dernier siècle.

        En bref, c’est une exposition très Street, où se mêlent graffitis et représentations abstraites, toujours dans l’idée de l’exploration des couleurs. Une exposition hélas terminée depuis le 17 janvier mais qui, je le pense, promet un bel avenir dans le milieu pour au jeune gérant, Barthélemy Bouscayrol. Il a de toute évidence effectué une réflexion approfondie sur le choix des artistes et des œuvres afin de regrouper au sein de son espace des œuvres toutes liées par fil conducteur, mais en jouant sur leur variété.

    Voilà qui inaugure joliment cette nouvelle galerie !

    Si vous désirez visiter la galerie, rendez-vous au 2 av de la Reine Victoria, à Biarritz, l’après-midi du jeudi au samedi.  


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